F.A.Q – Foire aux questions – Projet MAT-EO
Pourquoi la maturité gymnasiale dans le Canton de Vaud va passer de 3 à 4 ans ?
Comme l’explique le professeur Stefan Wolter, directeur du Centre Suisse pour la Recherche en Éducation de l’Université de Berne, il n’existe pas un modèle « magique » qui serait meilleur que tous les autres. Chaque modèle combine différemment des aspects d’efficacité et d’équité. Le modèle mixte maximise certains avantages et minimise certains désavantages des deux modèles « 10+4 » et « 11+4 ». Déployé dans le Canton de Vaud, il apporterait de la souplesse, permettant à la fois de respecter la culture scolaire vaudoise et de procéder à des évolutions souhaitables sans à-coups. Par ailleurs, les partisans respectifs des deux modèles « 10+4 » et « 11+4 » adoptent des positions opposées et apparemment irréconciliables. Dès lors, le modèle mixte « 10/11+4 » semble le plus prometteur pour avoir l’adhésion du plus grand nombre. Il a une valeur de compromis. Le Canton de Neuchâtel a fait ce constat lors de la consultation qu’il a menée sur les deux modèles « 10+4 » et « 11+4 ». L’expérience du Canton de Berne est aussi parlante : s’agissant des élèves germanophones, le modèle mixte a fini par rallier le soutien d’une majorité d’acteurs de préférence au modèle « 11+4 » qui était celui spontanément privilégié par les professionnels de l’école et de la formation.
Le déploiement du modèle « 10/11+4 » oblige de réviser la Loi sur l’Enseignement obligatoire, et permet de repenser l’organisation du cycle 3, soit les années 9, 10 et 11 de la scolarité obligatoire, des années très importantes en termes d’orientation. Le seul fait qu’une partie des élèves rejoignent l’école de maturité à la fin de la 10e questionne le statut et le contenu de la 11e pour les autres élèves. Plusieurs scénarios sont envisageables et l’organisation du cycle 3 peut être améliorées et intégrer aussi des mesures destinées à faciliter l’entrée directe en formation professionnelle certifiante. La valorisation de la formation professionnelle est une autre priorité dans le Canton de Vaud, ce travail pourrait permettre de faire progresser ce chantier également et de retravailler, de requestionner le système a deux voies : voie générale, voie prégymnasiale.
Parce que c’est une décision fédérale, une décision de la Suisse d’harmoniser la durée des études de maturité. Si le Canton de Vaud ne l’applique pas, les maturités délivrées dans le Canton de Vaud ne seront plus reconnus en Suisse, ni ailleurs.
L’harmonisation de cette durée est en discussion en Suisse depuis 2000. La double décision prise en juin 2023 conjointement par le Conseil fédéral et les 26 cantons réunis sous l’égide de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) a clarifié la situation : à l’avenir, le cursus devra durer « au minimum 4 ans partout en Suisse ». Cette règle est fixée dans les nouveaux textes réglementaires (le Règlement sur la reconnaissance des certificats de maturité gymnasiale (RRM) et l’ Ordonnance sur la reconnaissance des certificats de maturité gymnasiale (ORM)) entrés en vigueur le 1er août 2024. Les quatre derniers cantons qui organisent l’école de maturité en 3 ans (Vaud, Neuchâtel, le Jura et Berne pour ses élèves francophones) n’ont pas le choix : ils devront appliquer la nouvelle règle pour que leurs maturités continuent de bénéficier d’une reconnaissance dans toute la Suisse. Le Tribunal fédéral a été saisi d’un recours contestant cette mesure d’harmonisation, sa décision est tombée le 4 septembre 2024, le recours est rejeté. Les juges fédéraux estiment que le principe de la proportionnalité est respecté et que le nouveau texte vise un meilleur niveau de formation et n’oblige pas les cantons concernés à prolonger nécessairement la durée totale du cursus scolaire jusqu’à la maturité.
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Pourquoi imposer partout en Suisse un cursus de maturité gymnasiale d’au moins 4 ans ?
C’est une recommandation basée sur des évaluations et qui valorise ce titre. Les hautes Ecoles le réclamaient depuis longtemps.
C’est une recommandation basée sur des évaluations et qui valorise ce titre. Les hautes Ecoles le réclamaient depuis longtemps.
La décision d’imposer un cursus d’au moins 4 ans concrétise une recommandation des experts de la maturité suisse. Leur évaluation approfondie menée entre 2000 et 2008 a démontré que les compétences atteintes par les élèves à l’issue d’un cursus de 3 ans sont, en moyenne, inférieures à celles attestées par les élèves ayant suivi un cursus de 4 ans (le modèle le plus répandu en Suisse) ou de 5 ans (l’exception valaisanne).
L’autre argument décisif a été la nécessité, largement ressentie par les autorités politiques et académiques du système suisse de formation, d’améliorer la comparabilité des maturités gymnasiales délivrées par les cantons. La grande diversité des cursus proposés aujourd’hui a éveillé des doutes sur la valeur intrinsèque du titre. Pour que la maturité gymnasiale reste le sésame donnant l’accès aux études académiques sans examen préalable, il est important que sa valeur soit certifiée. L’harmonisation en 4 ans y participe car la durée du cursus est un des paramètres clef de la démarche. Le Conseil des écoles polytechniques fédérales réclamait explicitement cette mesure et la faîtière des hautes écoles, swissuniversities, y était implicitement favorable.
L’autre argument décisif a été la nécessité, largement ressentie par les autorités politiques et académiques du système suisse de formation, d’améliorer la comparabilité des maturités gymnasiales délivrées par les cantons. La grande diversité des cursus proposés aujourd’hui a éveillé des doutes sur la valeur intrinsèque du titre. Pour que la maturité gymnasiale reste le sésame donnant l’accès aux études académiques sans examen préalable, il est important que sa valeur soit certifiée. L’harmonisation en 4 ans y participe car la durée du cursus est un des paramètres clef de la démarche. Le Conseil des écoles polytechniques fédérales réclamait explicitement cette mesure et la faîtière des hautes écoles, swissuniversities, y était implicitement favorable.
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A quoi servira l’année supplémentaire du cursus conduisant à la maturité gymnasiale ?
Le but est d’acquérir davantage de compétences transversales, mieux préparer aux hautes études devenues plus exigeantes. On peut aussi consolider les connaissances dans plusieurs disciplines et alléger un horaire parfois surchargé. La maturité sera plutôt plus exigeante en 4 ans qu’en 3.
Une idée répandue est que la maturité en 4 ans deviendra plus facile grâce à l’étalement accru de l’enseignement. C’est une vision erronée, qui ne tient pas compte des objectifs assignés à la maturité gymnasiale dans les nouveaux textes réglementaires (RRM/ORM 2024) et dans le Plan d’étude cadre révisé en profondeur. Il ne s’agira pas d’atteindre en 4 ans les mêmes compétences acquises aujourd’hui en 3 ans. Le développement des compétences transversales pour la première fois définies avec précision caractérise la nouvelle maturité suisse. Il s’agit de mieux préparer les futures étudiantes et étudiants en réponse aux exigences accrues des hautes écoles. Autonomie dans le travail intellectuel, esprit critique développé, bases de la démarche scientifique acquises, aisance rédactionnelle et aptitudes à l’interdisciplinarité constituent le noyau dur des compétences transversales désormais prescrites aux futurs bachelières et bacheliers pour qu’ils soient mieux préparés aux études académiques. Simultanément, les savoirs disciplinaires sont consolidés. On peut aussi relever le renforcement de, l’éducation numérique, de l’éducation à la citoyenneté également ainsi que de l’éducation au développement durable. Dans l’ensemble, la maturité gymnasiale deviendra plus exigeante. Elle privilégiera l’autonomie et le travail personnel, cela est difficile actuellement dans un cursus en 3 ans avec des grilles horaires surchargées.
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A partir de quand la maturité gymnasiale vaudoise se fera en 4 ans ?
Au plus tard en 2034, mais le Canton de Vaud souhaite démarrer en 2032, selon un calendrier ambitieux.
Au plus tard en 2034, mais le Canton de Vaud souhaite démarrer en 2032, selon un calendrier ambitieux.
Les quatre derniers cantons qui organisent l’école de maturité en 3 ans (Vaud, Neuchâtel, le Jura et Berne pour ses élèves francophones) ont reçu un délai pour s’adapter. Leur nouveau cursus en quatre ans devra démarrer au plus tard en août 2034. Ils ont 10 ans pour construire le nouveau cursus en 4 ans, former et recruter les enseignants et assurer les besoins structurels : salles de classes, locaux, équipement, etc. Les maturités gymnasiales obtenues selon le modèle en 3 ans jusqu’en juillet 2034 continueront à être reconnues partout en Suisse.
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Pourquoi allonger le temps des études pour tout le monde ?
Le Canton de Vaud ne souhaite pas cela. Il propose un modèle mixte appelé 10 ou 11 plus 4 (10/11+4). Il permettra d’entrer en école de maturité après la 11e année scolaire mais aussi dès la fin de la 10e pour les élèves dont les résultats le permettent.
Le Canton de Vaud utilise la marge de manœuvre laissée aux cantons pour organiser la transition entre la scolarité obligatoire et les études gymnasiales. Le département de la formation (DEF) a choisi un modèle qui garantit l’entrée en école de maturité après la 11e année comme c’est le cas aujourd’hui, tout en offrant la possibilité aux élèves dont les résultats le permettent d’entrer en école de maturité à la fin de la 10e année. Bien connu en Suisse alémanique, ce modèle mixte « 10/11+4 » permet à une partie des élèves d’éviter l’année de formation supplémentaire découlant du passage imposé à la maturité en 4 ans. Cette possibilité répond à une forte attente exprimée par des parents et divers acteurs de la société – notamment dans l’économie – qui redoutent précisément les effets négatifs d’un allongement général des cursus de formation.
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Quel est l’intérêt pédagogique du modèle mixte « 10/11+4 » ?
Il a les avantages des deux systèmes : 10+ 4 et 11+4, il s’adapte au rythme des élèves et ne désavantage personne. C’est un compromis que les vaudois ont connu par le passé aussi mais différemment, lorsqu’on pouvait faire une maturité en 2 ou en 3 ans jusqu’à dans les années huitante.
Le modèle mixte est celui qui respecte le mieux le rythme des élèves. Celles et ceux dont les dispositions aux études supérieures sont le plus précocement développées au cours de la scolarité obligatoire obtiennent la possibilité de commencer leur maturité en 4ans dès la fin de la 10e année. Cette option n’a rien d’exceptionnel car déjà aujourd’hui le saut d’une année scolaire est possible à certaines conditions au cours de la scolarité obligatoire - la Loi sur l’Enseignement obligatoire le prévoit expressément. Par ailleurs, les élèves qui ont besoin de plus de temps, soit jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire en 11e année, ne sont pas prétérités. Ce modèle est un compromis intéressant du point de vue de l’équité. Sa mise en œuvre suppose toutefois de bien définir les compétences requises à l’entrée en école de maturité et de fixer les modalités d’entrée dans le cursus de maturité soit à la fin de la 10e, soit à la fin de la 11e. Ce travail de réglage fin des mécanismes d’orientation ouvre un grand champ de possibilités, et le DEF souhaite le mener en concertation avec ses partenaires. La Plateforme MAT-EO a été créée pour mener ce dialogue.
Le modèle mixte est celui qui respecte le mieux le rythme des élèves. Celles et ceux dont les dispositions aux études supérieures sont le plus précocement développées au cours de la scolarité obligatoire obtiennent la possibilité de commencer leur maturité en 4ans dès la fin de la 10e année. Cette option n’a rien d’exceptionnel car déjà aujourd’hui le saut d’une année scolaire est possible à certaines conditions au cours de la scolarité obligatoire - la Loi sur l’Enseignement obligatoire le prévoit expressément. Par ailleurs, les élèves qui ont besoin de plus de temps, soit jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire en 11e année, ne sont pas prétérités. Ce modèle est un compromis intéressant du point de vue de l’équité. Sa mise en œuvre suppose toutefois de bien définir les compétences requises à l’entrée en école de maturité et de fixer les modalités d’entrée dans le cursus de maturité soit à la fin de la 10e, soit à la fin de la 11e. Ce travail de réglage fin des mécanismes d’orientation ouvre un grand champ de possibilités, et le DEF souhaite le mener en concertation avec ses partenaires. La Plateforme MAT-EO a été créée pour mener ce dialogue.
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Pourquoi écarter les modèles « 10+4 » et « 11+4 » ?
En quoi le modèle mixte « 10/11+4 » serait-il le meilleur ?
Et pourquoi le modèle « 10/11 +4 » est un levier pour améliorer le cycle 3 ?
Les deux modèles existent en suisse et ont été examiné. Le Département de la formation s’inspire de nombreux cantons qui ont déjà fait ce choix du 10/11+4. Ce modèle mixte permet d’avoir les avantages des deux systèmes sans leurs inconvénients. Il permet aussi de revoir les dernières années de l’école obligatoire et de requestionner le système à deux voies VG/VP, avec comme objectif non seulement la maturité en 4 ans mais aussi la valorisation de la voie professionnelle.
Les deux modèles existent en suisse et ont été examiné. Le Département de la formation s’inspire de nombreux cantons qui ont déjà fait ce choix du 10/11+4. Ce modèle mixte permet d’avoir les avantages des deux systèmes sans leurs inconvénients. Il permet aussi de revoir les dernières années de l’école obligatoire et de requestionner le système à deux voies VG/VP, avec comme objectif non seulement la maturité en 4 ans mais aussi la valorisation de la voie professionnelle.
Le DEF n’évolue pas en terrain inconnu. Les expériences accumulées en Suisse par les cantons appliquant divers modèles ont livré des informations utiles. Le monitorage national du système éducatif et de formation suisse confié à l’Université de Berne a produit des enseignements pertinents dont il s’agit de tenir compte. Le modèle unique 10+4 n’est réaliste que pour un canton qui considère l’école de maturité comme la voie élitaire réservée à un faible pourcentage d’élèves – celles et ceux dont l’aptitude aux études longues s’impose de manière précoce, soit environ 10 à 15% des élèves d’une volée. Ce modèle créerait une rupture avec l’approche vaudoise d’un accès plus large au gymnase. On le constate dans les chiffres : le taux vaudois de maturité gymnasiale (32,5%) est supérieur de 10 points au taux moyen national (22,6%). Appliquer le modèle 10+4 dans le Canton de Vaud supposerait soit de réduire environ de moitié le nombre de jeunes entrant en école de maturité - ce qui n’est ni réaliste, ni souhaitable - soit d’abaisser significativement les compétences requises à l’entrée du cursus de maturité, ce qui serait contraire à l’ambition du Conseil d’Etat de consolider la qualité du système de formation vaudois. Cela irait aussi à l’encontre des décisions prises par le Conseil fédéral et les cantons pour rendre l’école de maturité plus exigeante en tenant compte des besoins exprimés par les EPF et swissuniversities. Le modèle « 11+4 » est synonyme d’allongement général des études pour toutes et tous, ce qui est critiquable. Surtout que cet allongement ne garantit pas à lui seul l’atteinte d’un niveau moyen plus élevé de compétences scolaires, comme l’a démontré le monitorage national du système éducatif suisse. Le degré de sélection et la composition de la population qui varient d’un canton à l’autre expliquent en grande partie les écarts entre les niveaux moyens d’atteinte des compétences scolaires atteints dans les cantons.
Comme l’explique le professeur Stefan Wolter, directeur du Centre Suisse pour la Recherche en Éducation de l’Université de Berne, il n’existe pas un modèle « magique » qui serait meilleur que tous les autres. Chaque modèle combine différemment des aspects d’efficacité et d’équité. Le modèle mixte maximise certains avantages et minimise certains désavantages des deux modèles « 10+4 » et « 11+4 ». Déployé dans le Canton de Vaud, il apporterait de la souplesse, permettant à la fois de respecter la culture scolaire vaudoise et de procéder à des évolutions souhaitables sans à-coups. Par ailleurs, les partisans respectifs des deux modèles « 10+4 » et « 11+4 » adoptent des positions opposées et apparemment irréconciliables. Dès lors, le modèle mixte « 10/11+4 » semble le plus prometteur pour avoir l’adhésion du plus grand nombre. Il a une valeur de compromis. Le Canton de Neuchâtel a fait ce constat lors de la consultation qu’il a menée sur les deux modèles « 10+4 » et « 11+4 ». L’expérience du Canton de Berne est aussi parlante : s’agissant des élèves germanophones, le modèle mixte a fini par rallier le soutien d’une majorité d’acteurs de préférence au modèle « 11+4 » qui était celui spontanément privilégié par les professionnels de l’école et de la formation.
Le déploiement du modèle « 10/11+4 » oblige de réviser la Loi sur l’Enseignement obligatoire, et permet de repenser l’organisation du cycle 3, soit les années 9, 10 et 11 de la scolarité obligatoire, des années très importantes en termes d’orientation. Le seul fait qu’une partie des élèves rejoignent l’école de maturité à la fin de la 10e questionne le statut et le contenu de la 11e pour les autres élèves. Plusieurs scénarios sont envisageables et l’organisation du cycle 3 peut être améliorées et intégrer aussi des mesures destinées à faciliter l’entrée directe en formation professionnelle certifiante. La valorisation de la formation professionnelle est une autre priorité dans le Canton de Vaud, ce travail pourrait permettre de faire progresser ce chantier également et de retravailler, de requestionner le système a deux voies : voie générale, voie prégymnasiale.
Quels élèves seront concernés ?
En sélectionnant l'année actuelle d'une ou d'une ou d'un élève, vous saurez si, potentiellement, sa maturité gymnasiale se déroulerait en 3 ou 4 ans: